vendredi 29 juin 2007

Brasser la fureur



Jusqu’où irez-vous ?

Sur l’écran lucide défile la sanction

La sentence au fer rouge

En boucle elle processionne

Déroule son châtiment

La rançon de la vie La coupe sombre


Une boucle flanquée d’un anneau d’acier

De guerre lasse un canon tonne

Et renverse la chinoise Les frêles épaves

Taches brunes Des brûlures de cigarettes

Résidus obscènes de l’interdit

Sur les peaux Sur les murs


Nous sommes le sang de la nuit

Le lit des astres Des corps à l’acide

Nous portons les heures qui s’écroulent

Et repoussons l’aube

Comme des redresseurs de tôles

Des tôles tragiques


Assombris par les échos lointains

D’une métropole diaphane

Jusqu’où irons-nous ?

A l'horizon flatliner

D’un écran plat D’un arrêt cardiaque

Laissant les débris Des flash-back


La musique sournoise de la vie

Défile et se diffuse sur les parallèles

Dans les rues verticales

L’écho brisé d’une comptine amère

Le refrain vicieux au parfum de métal

Comme une poussière crasseuse


Brasser la fureur Mener la guérilla

Pour que la boucle de sang

N’étrangle que le large

Quand l’aube écarte

Les cloisons qui enfermaient

Toute la force brute d’une phrase écarlate








mercredi 27 juin 2007

Des Vies Composites



Des accès de violence Des agents stimulants s’étendent

Etendues dérobées Des syncopes blanches

Peuplées de minéraux De pigments ferriques

En exil

Une fuite perforée


Il la porte vers la nuit

L’apogée glaçante après le pont

Voici l’amour amphétamine

La ville minée A ciel ouvert

L’héroïne dans ses bras Qu’elle appelait sa maison


Elle s’en va par une porte dérobée

De la brasserie à l’arrière-garde

Aux bas-fonds des accents de tristesse

Un choeur de pierre pour l’accueillir

Voici le calme majestueux L’arrêt final


La dernière station après les demi-sommeils

Les demi-mondes Le saut dans le décor

Le papier peint délicat Un papier de soie

Posé sur la bête noire

Les illusions Les citadins


Des projections déchues L’essence d’une ville

Dans la déchéance d’émotions contenues

Il s’attarde sur le tablier comme une lame

Au vent des fibres carbone Des câbles composite

Leurs voix enfin pleines


Dans la séparation il devine

Sous l’étoffe une peau crayeuse

Dans la dérive Le courant

Voici l’amour radical

La craie dissoute par la rivière marine


L’histoire La débauche finissent

A contre-jour Un réverbère jaune

Irradiant les ombres floues des amants

De vagues mouvements Des contre-courants

La disparition d’un songe

mardi 26 juin 2007

Les Oxydés



Un ciel acier Corten

C’est la couleur de leurs yeux

Des yeux rouillés par le chant des possibles

Les gifles douces-amères

Le sel quotidien


L’Occident se meurt au Ponant

Oxydé par les transports océaniques

Les victimes dévisagent le jour

Les cendres des journées répandues sur la rade

Avalées dans les bars


L’esprit tamisé par de trop nombreuses secousses

Elles penchent comme des grues

Des rangées périssables qui forment un mur inégal

S’érigeant entre les rives

Les solides rangées de lances Les murs de briques


Tas d’ordures !

lundi 25 juin 2007

Pénitents



Sous la foudre le béton se fend

Les rues désertes se livrent aux cieux

Ici le pouvoir est à la matière

Ici le pouvoir est matière

Le rite des larmes sur les façades émues

Le rythme de l’eau sur les parois sécurit

Ici le pouvoir est un mirage de béton

Ici le pouvoir est goudron

Il apparaît dans une flaque

Une mort sur un double vitrage

Qui s’agite et disperse à l’infini

Ses maléfices pluvieux


Sous la foudre le béton se pend

Et déverse des pénitents sur les larges trottoirs

Des éclairs dans les yeux qui se perdent

En trompe-l’oeil de minuit gris foncé

Ici le pouvoir est un vernis crépusculaire

Ici le pouvoir est une laque anthracite

Qui s’étoile sur les revêtements

Des étincelles Des regards

qui se fêlent en étoile

L’enduit déluge se moque

Des cuirasses des pavés du bitume entoilé

De l’armée des témoins aux poignards d'airain


La charge liquide draine l’affluence les débordements

Ici le pouvoir conduit aux souterrains

Les pénitents nus aux pensées dévoyées

Sont les seuls à braver le bronze battre le rappel

Des sols détrempés semés de formes érectiles

Pointées vers le néant Sur les ruines éparses

D’une ville silice

Comme autant de semences inquiètes

Que déterrent les milices assoiffées

Hordes mouvantes à l’allure hautaine

Ici le pouvoir est l’arrogance des pénitents

Aux confessions tendues comme l’orage

vendredi 22 juin 2007

Noire Polyphonie



Se détruire toujours Puis renaître à nouveau

Au coeur de la ville blanche La course lancinante

Après les lampes qui étouffent la trop lisse tempête

J’ai encore au creux de ma main

Les gouttes tombées de ton front

Ce front comme une vague ténébreuse

Qui m’a si souvent tenu la tête

A la lueur d’une flamme


Toi seule a le secret Les sombres mots

Qui résistent aux vents à l’unisson

Et attirent les rafales polyphoniques

Qui m’empoisonnent et me guérissent

A tour de rôle

Le poison et l’antidote l’un après l’autre

S’écoulent de ton front de lis

Pour m’épargner cet ordre idéal


Esclave de variations dérisoires

Je m’enlise dans les méandres d’une fièvre urbaine

En implorant les Déesses mortelles

Celles qui méprisent les futurs apaisés

Et prônent la fureur et soulèvent la houle

La fougue et l’ivresse l’une après l’autre

Aux noirs frontons de la ville

Ta sueur a chevauché ma tempête intérieure


Tu crains mon vertige des profondeurs

Mes mains autour de ton cou

Comme une corde coulissante

L’une après l’autre se jouent d’un fleuve rouge

De ce coeur sonore Une danse vibrante

A mes tympans résonne

La sortie de l’amnésie

Oublier toujours Puis se souvenir à nouveau






Sirènes en colère



Au bout des rues droites Elles se dressent

Squelettes métalliques qui barrent l’horizon

Des bras articulés en ligne de mire Des géants armés d’aiguilles

Elles t’attirent ! Elles te narguent !


Ces beautés désarticulées Sirènes d’acier aux chants mécaniques

Ces armatures aux voix de fer Aux reflets féroces

Rythment ta vie Chacun de tes gestes

Elles te guident ! Elles te minent !


Cette odeur de limaille Poudre de métal

Résidus flamboyants de tes journées obliques

Incliné sur une machine-outil à façonner des pièces

Elles te cassent ! Elles te brisent !


Les sirènes de l’arsenal leurs effluves de soufre couleur de résine

Mélodies grinçantes qui vrillent ton cerveau

Des minutes suspendues au-dessus de l’avenir

Elles récidivent ! Te persécutent !


Le temps a passé dans ce décor de plomb

Tes yeux sont remplis de déchets noirs

Ton dos s’est courbé et tes mains ont gonflé

Elles te trahissent ! Te démasquent !


Des marques s’impriment dans le macadam

Ruban de goudron vers une porte Vauban

Dans le ventre sombre d’un atelier combustion

Elles t’anoblissent ! T’endurcissent !


Tu poses tes doigts grossiers sur des peaux épaisses

Tu embrasses les bouches de vieilles sirènes

Des femmes d’abordage comme des bittes d’amarrage

Elles te dégoûtent ! Te consolent à peine !


Et puis un jour à la recherche d’un nouveau chant des Sirènes

Tu suis d’autres bornes, tu fais tous les squares de la ville

Baden-Powell Wilson Kennedy

De la poudre de fer au Crystal Meth


Jusqu’à ce que les sirènes cruelles

Les anges de la Cavale Blanche fondent sur toi !


Coolness



Le reste de la meute à la traîne

Pour l’instant tu la sèmes

Le miroir devant aspire la ville

Sous les arches tu passes La bouche remplie de tessons

Tes baisers sont de verre Tes baisers sont blessants

Et laissent sur les visages une vapeur sanglante


Les âmes en décomposition

Pour l’instant tu les fuis

Réfugié dans ton for intérieur

Ce Palais cinglant Garnison imprenable

Le coeur en lambeaux de glace Tes pas sont rapides

Et laissent dans leur sillage une effluve de rage


Les temps sauvages qui sont les nôtres

Pour l’instant tu les chasses

Dans les ruelles maquis

Les souterrains de vaine résistance se multiplient

Au rythme des doses Tes muscles s’atrophient

La peau tirée sur une carcasse encore saine


La sombre écume qui se perd dans mille déserts

Pour l’instant tue la morphine

Elle lance ses appels à la détente

Dans les cathédrales païennes Comme des insultes

Aux vieilles névroses aux crises anciennes

Dans un monde coolness sans décadence


Les nouvelles nécroses les voix synthétiques

Pour l’instant tuent l’être au monde

Elles construisent d’autres camisoles

Usinent de faibles apôtres aux pauvres discours

De nouvelles providences sous contrôle intégral

Les icônes assistent impuissantes à l’hécatombe


La jouissance sans le prix à payer

Pour l’instant tue la révolte

Canalise les forces réveille les brutes

Dans les rues l’émotion filmée froide maîtrisée

Condamne la ville secrète au blues à la déchéance

Les enfants à la haine glaciale des écrans numériques




Ouest



Dans un vent d’Ouest la lumière s’essouffle

Elle lutte résiste encore

Des flammes dansent toujours

Rouges Perdues d’avance Pas d’importance

Elles s’épuisent belles et farouches


Un peu comme nous Le vent nous porte

On s’accroche résiste encore

Des sentiments dansent toujours

Rouges Perdus d’avance Pas d’importance

Ils se fatiguent nous épuisent


Dans ce vent d’Ouest les vies s’essoufflent

Elles luttent résistent encore

Des corps s’agitent toujours

La couleur du sang La chaleur des membres

Ils se perdent Se retrouvent dans les tourbillons


Un peu comme les désirs Le vent les porte

Ils dérivent résistent encore

Les espoirs dansent toujours

Rouges Perdus d’avance Pas d’importance

Ils s’évanouissent Nous mutilent


Dans le vent d’Ouest l’animal apparaît

Il dévore les étoiles encore et toujours

Les cadavres refont surface

La couleur du sang La froideur des membres

Ils peuplent le ciel rugissent sur la terre


Comme de mauvais rêves Le vent les sème

Tragédie moderne encore et toujours

Derrière des lunettes noires On oublie

La couleur du sang La froideur des membres

Ils regagnent les quais Nous contaminent


Dans un vent d’Ouest Les maladies crèvent les nuages

Elles se multiplient encore et toujours

Des barricades en cuir Nous en protègent

Même si la couleur du sang finit, c’est logique, par colorer l’écorce

Même si la froideur des membres finit, c’est logique, par glacer l’écrin.


Ville Obscure



Villes portuaires que la solitude rapproche que la mer sépare

Rêves éphémères, docks et larsens comme ultimes refuges...



Un verre de noirceur un trait d’acide dans les bonnes manières

Dans cette ville perdue des âmes électriques hantent les rues

Un rythme chaotique s’empare des artères

Le monstre urbain se réveille et les bouches se tordent

Trop d’abus



Un shoot de blanc un filet de sang dans les yeux clairs

Ville portuaire pleine de haine d’ombres mauvaises

Danses épileptiques qui agitent les vrais ivrognes les faux rebelles

Les monstres d’acier grognent les châteaux illuminés

Marins en rut



Gorgée toxique tranchée ouverte de lumière dans la nuit

Cité désordre une salope à la mémoire enfouie

Fractures ouvertes plaies saignantes comme des boulevards détruits

Les horreurs resurgissent au détour d’un carrefour

Souvenirs impurs



De la poudre sur la langue pour tromper la rage

De Recouvrance à Sanquer de Glasgow à Denver en suivant l’émail

Allers sans retours au fil des plaques détresses immobiles

Filles trop jeunes dans les bars étroits des nubiles qui précipitent le naufrage

Voyages éperdus



Failles dans le bras entailles dans le béton des peaux industrielles

Seul on agonise porté par la magie nocturne des notes saturées

Mélodies sauvages qui remplissent des avenues si larges des espaces vacants

Les couples en déroute se soûlent s’enlacent se déchirent ou se tuent

Territoires foutus



...Villes portuaires que la solitude rapproche que la mer sépare

Rêves éphémères, docks et larsens comme ultimes refuges.

Marcheur Au Seuil Du Vide




De nos corps de nos âmes il ne reste rien

De la sueur des pensées qui s’évaporent



On peut toujours se battre

Essayer de retenir le temps ses larmes

On peut toujours se noyer

La main glacée posée sur un verre de Gin


La nuit ta poitrine ton ventre

Ne me retiennent plus

Je préfère noircir l’horizon

Sombrer dans l’oubli de moi-même


Au matin la douceur dans tes yeux

Tes mains sur mon front brûlant

Puis ta colère ton impuissance

Face aux démons qui me rongent et m’étranglent



De nos corps, de nos âmes il ne reste rien

De la sueur des pensées qui s’évaporent



Tes yeux inconsolables qui me regardent

Me perdre dans une autre que toi

Ta conscience à vif supporte mes écarts

Ton silence douloureux me fait trembler


Quand tu parles tes mots sont des coups

Ils m’assènent des vérités le chemin à suivre

Et moi je n’ai qu’une idée en tête la fuite

Ne pas devenir fou


Le flingue dans le tiroir

Un jour comblera le vide et l’effroi

Des risques et des éclats je n’ai rien à t’offrir

Je ne peux que t’épargner le martyre



De nos corps, de nos âmes il ne reste rien

De la sueur des pensées qui s’évaporent