lundi 31 décembre 2007

Desert From The City


Il a vu fondre sa vie

Un ciel au fusain

Charbon de bois écrasé

Par un doigt sur une couche

Ivoirine l’apparence

De l’ivoire un simple

Aperçu de l’atteinte


Ce voyage le sien va

Prendre fin - il le regrette

Puis dans un geste de

Désertion mêlé de

Courage et de lâcheté

Il emprunte une allée

A l’odeur mouillée


Elle chemine entre des

Maisons mal entretenues

Des couleurs par plaques

Et du lierre partout cette

Matière brillante et grasse

L’accompagne jusqu’au bout

La passerelle suspendue au-


Dessus des rails et le sol

Durci par le froid qui

S’ouvre par endroits les

Cadavres de feuilles roussies

Et craquantes - à ce bruit

Se greffent celui des navires

Dans l’attente et ceux des


Machines lovées au coeur

D’étranges bâtiments aveugles

Sans nom ni logo - des portes

Coulissantes en fer et rien

D’autre à part toutes les

Deux ou trois minutes le

Dégagement d’une fumée


Dans le paquet il n’y a plus

Qu’une cigarette celle qu’il

Garde précieusement depuis

Des heures en se disant qu’il

La fumerait avec dans l’oreille

Ces bruits de nature et d’industrie

Se fusiller pour désertion...



jeudi 27 décembre 2007

Angels Light


Dans la lumière des anges

Je brûle la pression un étau

Qui a tué mon sommeil

Oh non elle ne m’aura pas

La lumière des anges qui

Clignote comme un aver-

Tissement la peur la peur

In the light of angels

En permanence sur un fil


Un fil de lumière détruisant

La confiance - casse le désir

De vivre ensemble les anges

Sous une cloche de verre

In the light of angels

In the light of angels

L’indépendance vire au

Refus tous ces flashs

Du rouge au bleu du


Blanc à l’or dans le viseur

Oh non elle ne m’aveuglera

Pas - je l’emprisonne et la

Manipule comme une

Menace enfermée proche

Mais sous contrôle elle

Se déplace s’éloigne et

Revient plus violente encore

Elle saigne et s’en va


Miroite dans une glace

Grossit au point de m’envahir

La peur la peur de perdre

Le contrôle et de partir

En charpie : un fantôme

Dans la foule des jours

De lumière - in the light

Of angels capturée par ces mots

Le viseur tant qu’ils sont là


Elle reste supportable

Emprisonnée je la mate

Dans ma poche le monstre

Parcourt l’angoisse illuminée

De toutes les incertitudes

vendredi 21 décembre 2007

Degré - Zéro


Dans un carton rafistolé

Avec du scotch noir qui

Lui aussi se décolle laissant

Des lettres s’échapper

Les échanges intimes d’une

Autre époque qui bouge encore

Un pied dans la - un autre ici

Une rencontre qui se lit comme

Une carte : des lieux des places

Des restaurants des galeries

Et puis cette écriture affolante

Tenue droite à l’encre


Merde : je distingue ma mort

Je plonge dans le carton et c’est

Comme un apprentissage de

La trace : il voulait faire ce

Que je fais - dans une lettre

Il le dit clairement - je pense

A cette coïncidence : quel prix

Je paye pour cela - la stéréo

Crache iLiKETRAiNS

La bouteille de bière a

Perdu de sa fraîcheur et

J’ai comme une mission


A accomplir : que le contenu

De ce carton garde sa poésie

Intacte qu’elle soit même

Sublimée c’est tout ce que

J’ai - une noblesse à rendre

Ces noms inconnus pour la

Plupart ces régions jamais

Visitées des pays évoqués

Que voit-on au fond

D’un océan de lettres ? THE

ACCiDENT et STAiNLESS

STEEL - mon visage s’est


Durci comme s’il avait voulu

Fondre un jour sans profondeur

Un empire frappé d’amnésie

Rien sur le jeu les détournements

Au détour d’une phrase la prison

Apparaît - elle vient de s’ouvrir

A nouveau la dimension d’un

Box une alcôve un condensé

Parmi les autres débris qui font

Un bloc - une vie dans un carton

Un héritage qui se mérite

Une nouvelle bière...


jeudi 20 décembre 2007

Full Of Hate


Toute la splendeur de sa ville

Qu’elle nomme “ma ville grise”

Mais elle n’en croit pas un mot

Elle le dit parce que c’est une

Coutume et aussi pour ne pas la

Regretter trop - vieille ruse des

Gens qui s’en vont bientôt

C’est tellement plus facile de

Haïr ce qu’on a aimé à la

Folie tellement plus facile...


S’emparer de sa vie avec une

Aisance indécente et la démolir

Avec une peine immense entendre

Un “minable !” voir flou quelques

Minutes dans le flou le boulevard

De l’Europe - il est encombré

Toutes les voies prises d’assaut

C’est tellement plus facile de

Haïr ce qu’on a aimé à la

Folie tellement plus facile...


Se mettre à l’amertume parce

Que nager n’est plus qu’un

Beau souvenir : je nageais si bien

Je nageais si loin les dés ont roulé

Mauvais chiffres - un si beau

Souvenir qu’il me fait presque

Frémir regretter que la mer existe

C’est tellement plus facile de

Haïr ce qu’on a aimé à la

Folie tellement plus facile...


Lorsqu’il l’a pris par le col

De sa veste en jean la douceur

Et son torse près du sien il a failli

Céder mais un sursaut un recul et le

Rejet “je ne suis pas comme ça sale...”

Alors qu’il pense encore à cette

Soirée - dans ses pensées toujours

C’est tellement plus facile de

Haïr ce qu’on a aimé à la

Folie tellement plus facile...


On n’a plus l’énergie d’aimer ou

De comprendre on s’attache moins

Souvent la sobriété des sentiments

Recueillis en soi dans une paix insidieuse

Je n’aime plus ” l’idée de s’en remettre

Une provocation à la vie elle bat sans

Nous - se dilapide lamentablement

C’est tellement plus facile de

Haïr ce qu’on a aimé à la

Folie tellement plus facile...

mercredi 19 décembre 2007

Splif Poem


Il y avait ce gars

Au comptoir d’un bar

Qui n’existe plus

Boulanger de son état

Il me demande simple

Et discret si je ne veux

Pas acheter en gros :

Du shit en quantité

Madame Monsieur

Du shit en quantité !


Il me montre

Où il habite tout à

Côté son gamin dort

Il doit le nourrir et ne

Veut pas d’histoires

C’est ce qu’on appelle

Un plan tranquille

Pas d’histoires entre

Nous c’est aussi ça

Le trafic : une balade


Madame Monsieur

Du shit en quantité !

Aussi simple qu’un

Bonsoir et aussi

Chaleureux qu’une

Rencontre amicale

Ne jamais perdre

De vue la sortie de

Secours et ne jamais

Négliger le plan du


Quartier soûl beaucoup

Mais les manières

Les gorgées trop faciles

En quelque sorte amères

Sont des signaux

Chez moi c’est une

Malédiction : dépister

La sombre activité

L’aveu impossible

Ce qui éclabousse


Sa propre image

Ainsi il me propose

Une transaction au

Comptoir cheveux bruns

Chemise ouverte les

Mains trop blanches

Gibier chasseur dealer

Nourris de songes

Madame Monsieur

Du shit en quantité !

mardi 18 décembre 2007

Protected Against Pangs


Ils s’étendent les

Renoncements le long

D’une existence doucement

Le son de sa voix rattrapé

Par une armée d’instruments

Une vague et nous dans le

Rouleau avant de couler


Le chat dans son panier

Me surveille et attend sa

Bouffe con d’animal il se

Lave et coupe ses griffes

Pour en faire d’autres qu’il

Me plantera dans la paume

A l’heure bénite du repas


Ces animaux ont dû

Lire Tchekhov ils n’atten-

Dent que de la nourriture

Fraîche et c’est terminé le plus

Pénible est comblé l’attente est

Satisfaite - du panier il se dirige

Vers son rebord de fenêtre


Durant deux heures il

S’enivre du quotidien :

Rapides livraisons sous un

Soleil inoffensif ciel neutre

Indolent dans son bleuté puis un

Moment le passage d’un avion

Boeing Airbus pour une métropole


Il suit la fléchette qui ne

Se plantera sur aucune cible

Seul sur son rebord seul avec

Tout le monde comme l’a

Ecrit le Buk ou seul avec

Tout un monde à l’envers

Dans ses yeux jaunes


Je me souviens de celui

Qui l’a précédé sur ce rebord

Il est mort sur le tapis dans la

Chambre un matin de bonne

Heure il s’est couché dessus

La tête baissée une fourrure

De misère un repli éclairé



lundi 17 décembre 2007

Un Futur


Entre-temps l’harmonie

Perdue de l’homme et du

Langage : l’harmonie perdue...

A-t-elle existé un jour ?

Pierres contre lacrymo

Des bombes de défense

Qui forment des cheminées

Ephémères se drapant et

Soulignant les gestes sur

Un fond de verdure


Les sacs à dos et la

Solitude intemporelle

Plus dure plus directe que

Par le passé un réalisme ins-

Piré d’un symbole ou

L’inverse une révolte

Cellulaire un chant du

Détenu technologique pas

Un seul : not a solitary one

Not a solitary one - ne sait


Où il va ce qu’il fait il le

Fait point barre une adresse

Détenue en régime de haute

Sécurité attaqué(e) par des

Virus inconnus chant du

Lointain résonnant entre des

Habitations collectives les

Dernières où souffle une

Appartenance pas un seul

N’était venu ici avant pas un


Ne s’était aventuré dans ces

Rues en fusion la mémoire

En circuits fermés déracinée

Ce n’est plus la leur mais on

S’en fout un homme un

Monde un homme une

Culture un homme une

Révolte le chant de l’hyper-

Autonomie solid as a rock

Un homme une langue


Dure comme du granit

vendredi 14 décembre 2007

Fly Into Fragments


Les canalisations lui ont

Rompu le cou il les a vues se

Détacher de la masse et rouler

Si vite qu’un mouvement sur

La droite ou sur la gauche

N’aurait pas servi à grand-

Chose ou si peu


Les canalisations orange

Servent à collecter les eaux

Usées et relient cette zone à

Une station d’épuration portuaire

Comme la moelle épinière

Sert à acheminer les ordres

Du cerveau jusqu’aux membres


A l’instant où l’énorme tube

Puis un autre et un autre

Encore lui ont broyé les

Cervicales il a vu son visage

Pas seulement une image de

Son visage une expression

Au hasard figée comme sur une


Photographie sous verre il a

Vu toutes ses expressions une

Véritable collection à tomber

Ce qu’elle est vraiment et qu’il

Etait le seul à savoir pas une seule

Photographie non mais une série

Comme celle de Roni Horn


You are the Weather”

Il a vu ça avant de perdre

L’usage de ses membres la gueule

Dans la terre les collègues arrêtant

Aussitôt qui de découper le tronc

D’un arbre qui de trimballer

Cette terre noire et épaisse


Ne rien ressentir est parfois plus

Inquiétant que d’avoir mal il a

Tout de suite compris qu’à part

Son cerveau tout le reste était foutu

Le réseau sera connecté du nord au

Sud de la ville il restera avec ces

Fragments miraculeux...


You are in pieces

jeudi 13 décembre 2007

Les Saisons Blanches


La hantise toujours de

Finir isolé et le sentiment

Toujours que je ne fais rien

Pour l’éviter les blancs espaces

A remplir de cette lente destinée

Un sort inexorable comme

Tracé par une avance

Longueur et son vertige

Ramasser le fil le suivre

Afin de ne jamais s’oublier

C’est une destinée qui m’attire


Peur de soi-même de sa

Capacité à ne pas s’émouvoir

D’une vie entièrement cramée

Sous l’épure d’une invention

Il vit trop isolé comme un méchant

Refrain qui viendrait me hanter

Intérieurement le pari que je

Sortirai détériorié mais avec

Un phénix il ne reste plus

Guère que ces mines pour

Connaître la perdition


Un guêpier des bulles d’air

Dans le sang comme si

L’imprudence sur une route gelée

Près d’un polder vous avait plu

Un lacet du verglas des tonneaux

Une fois de trop on en réchappe

En délicatesse avec les preuves

Plus rien à prouver on économise

Des années les risques de la tequila

Le corps subitement perclus de

Douleurs mais c’est rien devant


Il y a pire des saisons remplies

De nuits blanches elles vous

Dardent de leurs lueurs venant de

L’autarcie : la quarantaine

Débute il va falloir tout donner

La maladie des absents tout revient

A l’esprit une invincible lubie

En approchant la mort on guérit

De la vigilance il vit trop isolé

Et encore ? La mesure de ma

Résistance...He lives too much


(In isolation)

mercredi 12 décembre 2007

Weep With Rage


N’importe quelle chanson

Pourvu qu’elle soit du Moz

Effrontée elle a dit comme ça :

Pourvu qu’elle soit du Moz

Par les temps qui courent

Les bruits mauvais sont comme

Des vaccins mieux vaut être

Immunisé alors oui j’insiste

Une chanson des Smiths de

Morrissey avec de la brume


De la hargne du nerf du

Danger comme dans une rue

Etroite un roman de McGrath

Spider une histoire de la vio-

Lence mais une grande

Tous ces vieux profs de fac

Qui envoient les gosses se faire

Cogner par les flics à leur

Place sont plus dangereux

Que les punks quoi qu’il


Arrive eux se feront toujours

Frapper sauf qu’ils frappent

Les premiers donc dépêche-toi

De mettre ma chanson du Moz

Que je sente le monde ouvrier

Une guitare entre les mains

Les vibrations le coeur de mes

Origines et qu’ils s’enfoncent

Leur longue marche dans le...

De plus en plus belle elle


Se met en colère en regardant

Ce débris de révolutionnaire

Réciter sa leçon d’un petit livre

Mort et enterré l’air si innocent

Qu’on lui tendrait la main mais

La liberté ne se perd jamais

Elle se défend même contre

Ceux qui soutiennent en être

Les garants les taches rouges

Ecrasées par des Doc


(Celles qu’ils auront roulées dans la...)


mardi 11 décembre 2007

Des Pensées Coupables


J’ai dû faire des choix

Certains tristes à mourir

Certains pleins de risques

J’ai dû faire des sacrifices

Et des sacrifiés


Lorsque la foule grossit

Et que les individus se fondent

Les quais comme un champ

Balayé par un vent tiède il décide

D’ouvrir son procès


En dessous du niveau de la mer

La tiédeur et les feulements

Rumeurs souterraines

C’est un monde entre deux

Terres il revoit les côtes


Mauves et vertes elles se

Dérobent dans le silence ou

La tempête dans ce conduit

Arraché à la boue sous-marine

Il aperçoit un homme chapelet


A la main des natifs et des

Etrangers en guise de jury

Je ne cherche pas d’excuses

Ni de complaisance j’ai coupé

Des branches pour me frayer un


Chemin dans ces falaises ce

N’était pas désagréable de saccager

Un peu la nature on en chope

Le plaisir de l’abattage on exhume

Des minéraux et des objets


L’enterrement est pour demain

On l’apprendra bien plus tard

Ce n’est pas un jeu anodin

Il nous familiarise avec la fuite

Entre les gares d’une île au


Continent frangé de mauve

Et de vert on relativise son rôle

Le jeu de la pression dans les

Oreilles mais rattrapé par la

Vitesse on se mure dans la terre



lundi 10 décembre 2007

Death By Drowning


Tenir tenir à ce régime

Il m’arrive de renoncer

L’horizontale cette charogne

Couchée comme une roche

Rendue plane et luisante

Démons urbains qui se reflètent

Dans un lac leur exact

Contraire mais dans l’eau

Leur exact contraire mais

Dans le glacé limpide et bleu


Toute une vie et son contraire

Dans une même vision un même

Cadre les éléments qui se battent

Pour un semblant de cohésion

De cohérence il n’y en a pas

Dans le fond les reflets les

Changements permanents

Dressent une allure qui

Ressemble aux scrupules

Des pierres nobles vernissées


Si on y tombe on se perd

C’est en substance les pensées

Du gars qui a retrouvé ce corps

Gonflé sur le bord du lac

Artificiel creusé au coeur

De la cité il sert de réservoir

Pour l’eau de pluie qui dégrin-

Gole des hauteurs de la ville

Encore un qui aura succombé

A toute cette flotte de l’eau douce


Saleté ça ne réussit à personne

Encore moins aux gars qui sont

Déjà en surcharge dans le meilleur

Des cas l’eau douce dilue leurs

Problèmes un peu comme si l’alcool

Perdait de sa force au contact des

Glaçons mais c’est des conneries

Chacun sait que le taux d’alcoolémie

Reste le même et rigoureusement

Tôt ou tard il finit par remonter


Jusqu’au cerveau donnant des rêves

De grandes traversées

vendredi 7 décembre 2007

In (A Terrible State Of)

Disorder


La pièce vibre alors qu’un

Convoi exceptionnel écrase la

Route le pinceau est pris de

Convulsions et le paysage sur

La toile subit un tremblement de

Terre finalement tout sera

Sens dessus dessous


Finalement c’est aussi bien

L’immeuble est miteux on le

Dirait rongé comme un organisme

Victime d’une invasion maligne

Pourquoi peindre un paysage debout ?

Un rien suffit à le mettre à bas

En désordre terriblement


Le plaid sur les genoux

A pris l’odeur de ce désordre

Orchestré par les générations

Qui se sont succédé difficile

A comprendre mais un jour

L’immeuble a été un bel édifice

Des familles sont encore là


Qui tentent le grand voyage le plus

Etonnant : des logements tenus d’une

Incroyable propreté dans un univers

D’immondices et de gravats il les a

Peintes comme des sujets fabuleux

Des souches saines l’espoir sans

Doute un sens malgré tout


Sinon il ne se déplace plus

Jusqu’à la fenêtre la couleur

Du feu ces longues colonnes

De fumée sur la façade tout cela

A déjà noirci des dizaines et des

Dizaines de toiles avec pour seule

Variante un homme bien habillé


Debout sur un tas de choses

Indéterminées une femme allongée

Sur un lit nue et souriante mais

Un sourire de pose comme un

Merci ironique de la difficulté

Des exemples parmi tant on dirait

Des miraculés au milieu (de la déroute)


jeudi 6 décembre 2007

Bad Weather


Ils ont tout appris comme ça

L’odeur des corps la chaleur et

Les attitudes naturelles dans l’ennui

Ce qui était frappant c’était leur

Beauté la fierté des regards la

Dignité dans les postures animales

Derrière cette apparence de facilité

On pouvait déceler les blessures

Un sein encore jeune mais un peu

Flasque à droite une musculature

Parfaite mais dans le détail des

Cicatrices un peu partout


L’expression banale serait :

Plus vieux que leur âge

Mais c’est trop vague trop loin

De la réalité elle voulait devenir

Danseuse et avait même pris des cours

Pour ça il avait vu la cervelle de

Son père un jour de spleen

Ce dernier avait décidé de se

Servir d’un revolver acheté à des

Types un peu plus tôt dans

L’année la consigne était claire :

Pour tout le monde ce serait une


Chute le tissu blanc autour de la

Tête dissimulait mal les dégâts mais

Ça valait mieux que la vérité ils ont

Commencé à se voir dans un centre

Au nom comique : “Le Passage de Relais”

Le bâton ils auraient adoré l’attraper et

Le transmettre à leur tour mais pas

De bol pour eux la chaîne s’était brisée

Le centre est devenu grotesque avec

De nouvelles consignes aussi hypo-

Crites que les autres et ses animateurs

Plus révoltés qu’eux-mêmes


Tous les deux ont dégagé le jour où

Un agité assermenté voulut absolument

Leur faire dire qu’ils étaient des martyrs

Politiques...Des martyrs politiques...

Elle voulait juste devenir danseuse son

Nouveau beau-père en décida autrement

Elle foutu le camp de chez elle il voulait

Juste garder son père mais le revolver...

Personne ne sait où ils sont à

Cette heure : dans la rue à l’étranger

Morts dans un Squat ils se sont

Evaporés du terrain de jeu des adultes...


(How’s the game going ?)


mercredi 5 décembre 2007

Mother Blues


Elle est née de la torture

Et de la mort : elle vient de là

Les couilles de son père

Ecrasées par une matraque

La mère morte en couches

Le père paria de sa famille

Et la fille séparée des siens


Elle est née de la torture

Et de la mort : de ces drames

Le père indésirable “tu as

Tué ta femme” qui part

En vrille qui se noie

Dans ses larmes le chagrin

Insurmontable que l’on sent


Chez toi la gêne dans ton dos

Toujours cette main invisible

Que tu sens des traces du destin

Tu es née d’un vide du manque

Oh Mother tu es née du deuil

Et cette peur de l’abandon

Je sais d’où elle vient


De la torture et de la mort

D’une mère emportée par la

Naissance d’un père jamais

Consolé dépossédé de sa

Femme de ses enfants

Péri par la honte comme

Par les châtiments corporels


De la guerre de la haine tu as

Fait de la fureur : vivre malgré

Les questions et l’agonie d’une

Famille à peine créée déjà détruite

L’effraction de l’histoire et des

Calvaires un collier de ronce

Qui fait saigner mais aussi survivre


D’autres que toi auraient chaviré

Oh Mother d’où te vient cette force ?

Cette peur unique : partir seule oublier

Ton nom dans un hospice je sais qu’elle

Te tient comme une griffe plantée dans

La mémoire une griffe si profonde

Qu’elle a mutilé la parole


mardi 4 décembre 2007

Celestial Echoes


Quand la porte se referma

Il sentit un filet d’air froid

Juste à la base de sa nuque

Un jour qui pesait lourd

Le poids d’une dégradation

Orageuse un ciel bas et

Dangereusement illuminé

Ce qu’il avait vu lui donnait

Envie de cogner une envie

De vengeance : les pauvres

Entre eux sont des enflures


Il tournait et retournait

Cette phrase dans son crâne

Quoi ? Qu’est-ce que tu

Croyais exactement ? Tu

T’attendais à quoi au juste ?

A de la solidarité ? A de la

Compassion ? Ou bien ?

Témoin et acteur de leur

Décrépitude morale : ils ne

Savent plus être humains

Ils ne reconnaissent plus


Leurs frères vendent leurs

Nouveau-nés mangent leurs

Propres chairs ce qu’il perçut lui

Donna aussitôt l’envie de les

Tuer tous un par un celui qui

S’était vautré à poil après avoir

Exhibé son sexe partout un

Tatouage de la Vierge Marie

Sur le dos une image sainte

Sur la peau d’une épave

Qu’espérait-il de la Vierge ?


Et celui qui son fils dans les

Bras cherchait de quoi s’éclater

Il se répandait en insultes le venin

Des pauvres “je vais le passer

Par le vide-ordures ce petit enfoiré !”

Des haut-le-coeur dans la rue

Les affiches publicitaires

Un assemblage de Spoerri

Ce clou fiché dans un crâne

Un cache comme une muselière

Les échos célestes de la misère


Alors que chacun se conforte

Encore dans le rêve d’un pays

Parfait : un peuple qui sombre

lundi 3 décembre 2007

Un Matricule


A ces gens pour qui la vie

A perdu un sens si faibles et

Si forts de leurs faiblesses qui se

Déplacent en transfert se couvrant

De chiffres monstrueux

C’était difficile de se réjouir”

De continuer dans la ville

La vie quotidienne


Leurs pensées sont des gardes

De la folie des menaces du

Découragement qui toujours se

Montre plus pressé un bijou

Précieux une Jaeger-LeCoultre

Il me l’a montrée en me faisant

Jurer de n’en parler à personne

Ce n’est pas le vol qu’il re-


Doutait pas le vol non

Il ne voulait pas qu’on le

Pense riche il ne l’était pas

Et puis de toute façon la montre

Il ne la portait pas dans la vie

De tous les jours : les courses au

Traiteur italien un verre de vin

A l’Hemingway pourtant à l’opposé


De son quartier : “J’y suis bien

C’est un endroit calme et dans

Cette ville c’est rare” il expliquait

Son choix de cette façon et remettait

La montre dans son boîtier d’origine

L’appartement donnait sur une cour

D’école une école catholique

Cris d’enfants sonneries...


Avec le temps la plupart

Des vieux avaient pris l’habitude

De vivre à ce rythme scolaire

Réveil 8 heures pour la rentrée

Fin d'après-midi 17 heures avec la

Fin des cours volets fermés 20

Heures et télévision pas mon

Vieux celui qui m’avait recueilli


Un matin chaotique encore plus

Chargé que d'ordinaire à l’époque

Moi c’est surtout les trompettes

Que je faisais sonner : je ressemblais

A un chat malade des plaques des

Morsures et sauvage le vieux m’a

Préparé un petit-déjeuner voilà presque

Clean et sociable au moins avec lui


La Jaeger il me l’a promise

A une seule condition :

Que je ne la porte jamais

C’est une rescapée qui ne

Supporte plus la lumière vive



vendredi 30 novembre 2007

Working Class Hero

(Une Version)


Les retours tard dans la

Soirée et l’alcool qui s’éter-

Nise dans le sang il crispait

Sa bouche de fatigue une fatigue

Indescriptible ils savaient

Qu’un homme exténué à ne

Plus pouvoir tenir debout

Est un employé corvéable

La fatigue est une drogue

Ces montées d’adrénaline

En fin de journée putain

C’est magnifique


Ils l’ont massacré mais

Au fond il ne demandait que

Ça j’imagine : je suis le même

Il s’asseyait encore en costume

La cravate dénouée la chemise

Sale je me souviens de la

Chemise souillée par la sueur

Les taches du travail merde

J’en étais fier elles sentaient

Notre bonheur même si je

Devais me forcer pour y croire

Certains soirs


Le matin à l’aube “rebelote”

Il disait ce mot manière de

Dire que la journée serait une

Eternelle souffrance je le voyais

Se préparer déjà à l’écart déjà

Au travail : le chiffre de la

Veille à exploser et la pression

Se lisait sur son front et la

Pression s’insinuait sans que

Je comprenne très bien de quoi

Il s’agissait je n’aime pas

Les grands magasins je n’aime


Pas les grands magasins

Rouleaux compresseurs des

Hommes les plus beaux les

Plus travailleurs ils finissent tous

Comme des zombies incapables

De vivre en dehors putain je n’aime

Pas les grands magasins des broyeurs

De cerveaux et de santé et merde je suis

Comme lui un travailleur acharné

Désespéré et alcoolique aussi

Je crèverai dans mon grand magasin

Celui que je me construis et dans lequel


Je m’enferme

(En sa mémoire éternelle)